Chaque année, le mois de novembre marque le retour du Mois sans tabac, véritable carrefour des bonnes volontés qui veulent aider à tourner la page de ce fléau. L’énormité des dégâts provoquée par sa consommation ne doit plus passer inaperçue. Les chiffres : le cancer du poumon est le plus meurtrier en France (et dans le monde). A lui seul, il représente 5% des décès dans l’Hexagone, plus de 30.000 personnes par an.
Cette mortalité s’explique en grande partie par un dépistage tardif, dans 85% des cas. Les poumons étant dépourvus de terminaisons nerveuses douloureuses, la tumeur ne se signale que si elle s’étend. Les symptômes sont parfois si discrets – essoufflement – que ce sont les métastases qui finissent par sonner l’alarme. Et ce n’est pas tout. Infarctus, artérite, insuffisances respiratoires, bronchites chroniques… Au-delà du cancer du poumon, ce sont 100.000 à 200.000 personnes qui meurent chaque année d’une maladie associée au tabagisme.
Incepto est un acteur de la lutte contre ce cancer, notamment grâce à la solution IA d’aide au dépistage Veye Lung Nodules, déjà utilisée par de nombreux professionnels.
Nous avons eu le plaisir d’être retenus dans le cadre de l’étude CASCADE lancée début 2022 par la Pr Marie-Pierre Revel, cheffe de service de Radiologie à l’hôpital Cochin. Elle a souhaité étudier en situation réelle l’apport de l’intelligence artificielle au dépistage du cancer du poumon. Cette étude est ouverte à toutes les femmes fumeuses ou ex-fumeuses de 50 à 74 ans (voir comment participer).
Par extension, nous avons décidé de nous associer à certains des meilleurs spécialistes français du cancer du poumon et de la tabacologie pour lancer un appel public fort : nous avons pour la première fois de notre histoire les moyens d’éradiquer presque totalement le cancer du poumon. Publiée par L’Express le 14 novembre, cette tribune a rencontré un écho considérable auprès du grand public, dépassant en quelques jours les 200.000 lecteurs.
Cosigné par Pr Marie-Pierre Revel, cheffe du service Radiologie de l’hôpital Cochin, Dr Nicolas Bonnet, directeur du RESPADD, Pr Marie Wislez, responsable du Centre Expert en Oncologie thoracique de l’hôpital Cochin, et Dr David Boulate, chirurgien thoracique de l’Hôpital Nord de Marseille, ce texte a retenu l’attention grâce à son approche globale de la question. Nous ne viendrons à bout du cancer du poumon, dont 90% est d’origine tabagique, qu’avec une action combinée à tous les niveaux.
Comme nous l’avons fait pour le Sida, il faut s’appuyer sur le triptyque « prévention, traitement, dépistage » qui a fait ses preuves. Il faut sensibiliser les publics à risques, à commencer par les femmes, dont la prévalence augmente à toute vitesse. L’étude KBP-2020 montre une aggravation drastique sur 20 ans : alors qu’elles représentaient 16% des cancers du poumon diagnostiqués en 2000, elles étaient 34,6% en 2020. Et ce n’est sans doute pas fini. En Suède, le nombre des nouveaux cancers du poumon chez la femme est déjà égal à celui des hommes.
Aussi, il faudra savoir s’adresser à tous les publics, y compris les moins exposés aux médias d’informations. Moins on est diplômé, plus on est modeste, plus on fume. La proportion de fumeurs est deux fois plus forte chez les détenteurs de BEP que de Bac+2. Il faut les cibler directement, et en région plus qu’à Paris. Le ton devra trouver le bon équilibre entre dénormalisation de la cigarette et déculpabilisation du fumeur, valoriser les tentatives d’arrêt, sans stigmatiser les échecs.
A chaque étape, l’implication sans faille des pouvoirs publics sera nécessaire à notre succès. Sur le dépistage, il est bon de savoir que la Haute Autorité de Santé (HAS) a pris position, en février, en faveur des expérimentations de dépistage par scanner à faible dose chez les personnes fortement exposées au tabac. Elle appelle à mettre en place des programmes pilotes. Le début d’une nouvelle ère ?